Civitas : « Catholiques, engagez-vous »

A vrai dire, une gageure ! Civitas tenait à rassembler ses amis le 5 juillet dans le but de les motiver en vue des actions futures. Après trois années de bataille contre le système destructeur de notre nation, faut-il faire une pause ? Certes non ! En effet de nouveaux défis vont être lancés dans les mois qui suivent par la camarilla maçonnique qui a pris le pouvoir dans notre pays. Chaque fois qu’elle investit les rouages de l’Etat et les contrôle, cela va toujours au désastre ; particulièrement dans le cadre des deux dernières guerres mondiales.  

Etait-ce le moment de rappeler ces vérités élémentaires, le 5 juillet, date à laquelle commence la transhumance vacancière ? Il est bon de savoir que la plupart des salles sont fermées à Civitas, y compris celles se situant dans la mouvance catholique où cette organisation avait été reçue auparavant. Ainsi va la démocratie. C’est aidé par la Providence qu’Alain Escada a pu dénicher la salle de l’Horticulture, rue de Grenelle, pour faire un colloque intitulé « Catholiques, engagez-vous ». Elle fut remplie sans problème par un public très motivé et attentif. Pari gagné.

Il y a toujours quelque chose à faire

Certes les sujets annoncés étaient très divers et regroupés sous le titre précité. Ceci correspondant sans nul doute aux appels réguliers des trois derniers papes. La question première étant de savoir s’il était possible dans les circonstances actuelles de trouver un espace d’évolution dans la sphère publique. Ce fut l’objet de la première table ronde, organisée par le philosophe Vivien Hoch. Les intervenants étaient M. l’abbé Beauvais, curé de Saint-Nicolas, moi-même en tant qu’impliqué dans la sphère publique, de Radio Courtoisie à l’Association Catholique des Infirmières et Médecins en passant par Présent ; puis Alain Escada, qu’on ne présente plus. Bien sûr, il y avait  un véritable devoir pour tous les catholiques de témoigner de leur foi. Faute de cela dans le passé, notre pays encore très christianisé après la guerre a évolué de manière fulgurante vers un anticatholicisme encouragé par les gouvernements.

Ceci dit, comment faire ? L’abbé Beauvais expliqua que la première chose  consistait à se présenter comme catholique et de ne pas avoir peur de le faire autour de nous et dans la société. Celui qui ne dit rien ne risque pas d’être entendu. Toutes choses égales d’ailleurs, dans la mesure où bien évidemment il est un temps pour tout. Mais surtout le prêtre prit longuement la parole pour raconter l’histoire de Mgr Cazaud qui en 1948, par sa ténacité, a soulevé les foules  contre le gouvernement qui voulait couper toute subvention aux écoles catholiques. Un mouvement de révolte secoua tout l’Ouest de la France, où les écoles étaient en majorité catholiques. Face aux émeutes et aux manifestations, il fit plier le gouvernement. 

Il m’appartenait de souligner que le témoignage de sa foi devait toujours se faire avec tact et en fonction des circonstances ; en fait l’art du possible. Un élu qui se présenterait avec une bannière du Sacré-Cœur au Conseil municipal apporterait un contre-témoignage. En revanche, il peut y avoir une action au travers de la culture proposée par les municipalités ; et aussi par toutes sortes d’associations culturelles ou sociales dans lesquelles il est bien plus facile de se présenter (et faire reconnaître) comme catholique. Enfin et surtout il est fondamental de donner à nos enfants le goût de l’engagement public permettant de porter la parole du Christ. La jeunesse vit de plus en plus sans souci de l’avenir par oubli du passé. Elle vit au jour le jour. C’est par nos enfants que commence la restauration de la chrétienté dans notre pays, qui a perdu tout repère et se comporte comme un homme ivre ne reconnaissant plus sa route. 

Le témoignage émouvant des élus

Très intelligemment sollicité par Martial Bild, le témoignage de trois maires réélus triomphalement à la tête de leur municipalité a été particulièrement intéressant. Peut-être est-il osé de les comparer par leur action à celles des trois vertus cardinales : Foi, Espérance, Charité ? La Foi de Charles Berthollet, maire de Rouvray en Bourgogne, qui dit son chapelet avant chaque réunion du conseil municipal. Sa commune de 400 habitants est restée très catholique ; et bien sûr tout le monde se connaît et se fait un devoir de participer aux fêtes chrétiennes.

L’Espérance représentée par Hervé Lucbéreil, maire et conseiller général d’Oloron-Sainte-Marie en pays basque ; il s’échine à faire retrouver la foi dans une ville très catholique qui s’est déchristianisée complètement en deux générations. Une partie non négligeable de sa commune a intégré des réfugiés républicains de la guerre d’Espagne. Il a réussi par exemple à restaurer la procession à un saint basque vénéré des deux côtés de la frontière : cela faisait consensus avec les Espagnols, qui malgré leur engagement passé avaient gardé un fond de christianisme.

La Charité : Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, expliqua qu’il fallait soi-même avoir une vie personnelle et professionnelle parfaite, mais en même temps être un élu proche de ses administrés, ne pas épargner sa peine au service des autres. Etre tourné aussi vers les communes environnantes, même gérées par des partis différents, pour trouver des solutions communes ; ceci dans la mesure où les problèmes sont les mêmes. En réalité, ici, la moitié de la population est constituée d’immigrés maghrébins. A ce sujet il s’inquiète de voir que la génération des anciens est très pacifique alors que la suivante est de plus en plus incontrôlable. Il a monté des cours de français fréquentés assidument par les femmes d’origine musulmane, qui sont ravies.

Assurément ces trois maires, de communes si différentes, disent que le meilleur moyen d’être catholique au sein de populations très diverses est de se présenter comme des catholiques pratiquant les vertus chrétiennes. C’est alors que le message passe le mieux, à condition qu’il ne soit pas perçu par les administrés comme une provocation.

Du laïcisme au marigot politique

L’après-midi, François-Xavier Péron expliqua que la liberté donnée par Dieu à l’homme devait se mettre au service du bien. D‘où la nécessité d’une chrétienté forte, qui puisse peser sur les institutions. Il fallait s’en donner les moyens. Tout est possible : les disciples de Jésus étaient des pauvres bougres vivant dans un pays désertique : leur foi a permis de conquérir le monde. L’homme est un animal religieux par essence : la laïcité a toujours été anti-chrétienne. La foi ne peut aller contre la raison. La liberté ne peut se concevoir que dans la mesure où elle est tournée vers le bien. S’en couper correspond à aboutir à une destructuration morale et politique se caractérisant  de nos jours par la série de scandales auxquels nous assistons avec le régime actuel.

L’intervention d’Emmanuel Ratier était très attendue. Certes le passé de Valls, mis en exergue dans son ouvrage remarquable (et peu remarqué des médias politiquement récupérés), était sans doute espéré de certains. Toutefois il ne répètera pas ce qu’il y avait dans Le vrai visage de Manuel Valls qu’avec raison il supposait archi-connu de son auditoire. Il fit une analyse de l’évolution politique de notre pays à partir de l’élection inattendue de Hollande. C’était à l’origine une rampe de lancement pour un politicien professionnel peu diplômé se nommant Valls qui provenait du « sérail ». Cela l’est plus que jamais dans un marigot politique où finalement la gauche et la droite molle se retrouvent dans le cadre de la promotion de l’Europe et du mondialisme. La preuve étant fournie par exemple au Parlement européen où droite et gauche se partagent les places et où les votes sont communs dans la quasi-totalité des cas. Face à cela se trouve la menace de Marine Le Pen. Il voit très bien la fameuse NKM – je la surnomme Cause Toujours Mauricette – dont le mari socialiste est maire d’une commune périphérique. Voilà une femme  dont les idées sont identiques à celles d’Hidalgo. Chou vert et vert chou, blanc bonnet et bonnet blanc : elle fera aussi mal en matière « sociétale» comme on dit. Elle occupe déjà la présidence du groupe UMP au Parlement. Elle est dangereuse et il faut la dénoncer comme la future égérie de la fausse droite.

Civitas : espoir et espérance  

Alain Escada expliqua ensuite avec force, conviction et aussi émotion ce que fut la « longue marche » de Civitas. A l’origine, une volonté ferme et résolue de réveiller les catholiques, littéralement anesthésiés par l’inertie de l’Eglise de France en général ; celle des évêques en particulier, qui n’hésitent pas à faire la promotion de la laïcité, transgressant la parole du Christ : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi. » Il fallait réagir contre cette déliquescence. Civitas fit ses premières armes publiques en 2011 dans le cadre du fameux Pisschrist montré à la fondation Lambert en Avignon ; une soi-disant œuvre d’art qui représentait un crucifix plongé dans l’urine de « l’artiste ». Une procession de réparation à laquelle participèrent 1 200 personnes fut organisée. Déclic impensable ! Puis ce fut la pièce de Castelluci Sur le concept du visage du fils de Dieu au théâtre du Chatelet. Cette « œuvre théâtrale » se terminait par des jets d’excréments contre la face du Christ. Pendant un mois 300 jeunes manifestèrent autour du théâtre et dans la salle. La jeunesse catholique se mobilisait.  Mais aussi l’évêché qui demanda de déposer des roses blanches sur le sol… Etrange réplique au blasphème. A cette époque plusieurs milliers de catholiques seront raflés, et des centaines mis en garde à vue ; pendant ce temps, en toute impunité, les délinquants de tous poils couraient les rues. Puis ce fut Golgotha Picnic au théâtre du rond-point des Champs-Elysées.

En juin 2012, Civitas annonce qu’elle manifestera sans doute seule contre le soi-disant mariage entre homosexuels. Mgr Vingt-Trois, en août, par deux fois, déclare dans Le Figaro qu’il ne faut pas « laisser le champ libre aux intégristes ». Il vient caler une manifestation la veille de celle organisée par Civitas pour lui couper l’herbe sous le pied. La suite est connue. Il sort alors un personnage curieux, à savoir la fameuse Frigide Barjot. Ce n’est un secret pour personne : les manifestations ne doivent en rien se référer au catholicisme alors que la plupart des manifestants sont catholiques. Frigide fera arrêter par la police ceux qui avaient des emblèmes ou des insignes témoignant de leur foi en Jésus-Christ. Cela faisait la différence et rejoignait la préoccupation du présent colloque. Avons-nous le droit de « rougir devant les hommes » de notre appartenance à la foi chrétienne ? « Les tièdes je les vomirai » avait déclaré le Christ lui-même.

A noter qu’Alain Escada dit quelques mots du chemin fait avec Farida Belghoul qui fut présente une grande partie de la journée. Son nom fut très longuement applaudi et elle se déclara enchantée de ce qu’elle avait pu entendre des uns et des autres. Pas d’ambiguïtés : nous ne sommes pas syncrétistes, mais ensemble nous défendons l’ordre naturel voulu par Dieu.

Un exposé d’une haute élévation

Il appartenait à l’abbé de Cacqueray, ce personnage ascétique au langage plein de bonté, rayonnant de sa foi, de dire les derniers mots. Après douze années de mandat, il quitte la direction du district français de la Fraternité Saint Pie X pour assumer une vie monastique loin du monde. Il dresse une sorte de testament concernant l’action à mener. Superbe et lumineux ! Résumons les sept points développés. La Fatalité : la tentation du « Que voulez-vous qu’on y fasse ? On n’y peut rien ». La Liberté : La dignité émane du bien et non du mal. Cette liberté donnée par Dieu, nous devons l’exercer avec humilité, probité, courage face au subjectivisme ambiant et à l’homme voulant prendre la place du Créateur. La nécessité exige pour nous d’avoir une influence dans la société par nos familles et nos actions. La Patrie : elle est en danger de mort : notre devoir est de la défendre face au troisième millénaire qui entend promouvoir le troisième sexe. Nos devoirs : établir des stratégies et des actions dans le cadre de minorités actives et agissantes. Le pouvoir des marionnettes : celles-ci tiennent le pays contre la volonté majoritaire des Français. Il faut sans cesse dénoncer les pouvoirs occultes qui asservissent la pensée par le régime des partis en faisant la promotion d’un hédonisme dont divorce et « mariage » homo ne sont qu’un des aspects. Nos atouts : ils sont considérables car la politique qui gouverne le pays est marquée du sceau de l’absurdité, du mensonge, de l’illogisme, voire de la folie ; c’est cela qu’il nous appartient de dénoncer sans cesse.

A cette forte analyse sans concessions le prêtre ajoute qu’il ne faut pas oublier de nous tourner vers Dieu, prier, ne pas nous couper du surnaturel. Ce sont les prières des contemplatifs et tous les saints du Ciel qui nous soutiendront. Espérance car Dieu tiendra toujours l’avenir du monde et de l’homme dans ses mains. Il attend son heure. « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »                                                                                                  

Jean-Pierre Dickès