Le Sénat vient d'adopter la loi sur la protection de l'enfance. Il met fin à la liberté de fonder des petites écoles familiales en interdisant totalement le regroupement de plusieurs familles pour assurer l'instruction à domicile. Le texte doit être examiné en seconde lecture par l'Assemblée nationale : il est encore temps de se mobiliser. Nous reproduisons, ci-dessous, avec l'aimable autorisation de Présent, l'article de Jeanne SMITS paru dans l'édition du 14 février 2007…

 

Sans faire de bruit, dans la discrétion feutrée d’une assemblée de sages, le Sénat vient de mettre fin à l’une des dernières libertés concrètes d’éducation qui restaient aux familles qui veulent faire échapper leurs jeunes enfants au décervelage et au pourrissement organisés par l’Education nationale. En adoptant en deuxième lecture, jeudi soir, le projet de réforme de la « protection de l’enfance », le Sénat a mis fin à la possibilité de scolariser à domicile les enfants de plusieurs familles. Le texte ayant été amendé (notamment sur ce point), il repassera devant l’Assemblée nationale.

Aujourd’hui, pour échapper à l’école publique ou privée sous contrat soumise aux mêmes programmes, aux mêmes méthodes, au recrutement des professeurs sous l’autorité de l’Etat et non des parents, il n’y a que deux moyens : rejoindre ou fonder une école hors contrat, procédure très contraignante qui exige au moins l’absence de malveillance de la part de l’Inspection académique et des collectivités locales ; ou bien scolariser son enfant à domicile, le cas échéant en s’associant avec d’autres familles, dans une limite fixée à 19 élèves que l’on peut faire travailler avec un ou plusieurs précepteurs.

Cette solution artisanale a permis l’éclosion de multiples petites structures qui ont pu s’établir et même, pour certaines d’entre elles, évoluer vers la mise en place d’une école hors contrat en bonne et due forme. Elle est souvent la seule solution matériellement envisageable. Elle se justifie absolument par le droit fondamental – et opposable à l’Etat, vraiment ! – des parents d’éduquer leurs enfants selon leur liberté et leur foi. Sa disparition programmée sera une catastrophe pour beaucoup de familles françaises. Elle a été mise en place et obtenue par la commission Fenech de « lutte contre les sectes » qui a monté en épingle l’école « Tabitha’s Place » où une vingtaine d’enfants apprenaient à lire et à écrire mais ne savaient pas qui est Zidane…

L’Assemblée nationale, dans un premier temps, avait arbitrairement réduit à deux le nombre de familles pouvant organiser ensemble la scolarisation à domicile de leurs enfants. Le Sénat a adopté l’amendement d’André Lardeux, rapporteur de la commission des affaires sociales, réduisant ce nombre à un. Cet amendement devra être – avec onze autres modifications adoptées – examiné par l’Assemblée nationale. Qui sera probablement saisi de la relecture du projet dans l’urgence décrétée par le gouvernement.

Y aura-t-il un député, ne serait-ce qu’un seul à avoir assez de tripes pour mener à bien le renversement de cette mesure insupportable ? J’enrage derrière mon clavier car je sais que cela ne se fera pas. A moins d’un miracle. Un miracle nécessaire – ou alors couchons-nous une fois pour toutes devant la mainmise de l’Etat sur nos enfants.

Il y a bien eu un sénateur pour protester. Mollement. De façon si ridicule que cela en devient incompréhensible, sachant la profonde culture philosophique thomiste de l’homme et son indiscutable combat pour la vie et la famille, Bernard Seillier devait proposer que la restriction à deux familles ne devait pas concerner les personnes vivant dans des zones isolées de montagne, où les jeunes enfants sont soumis à des temps de transport très longs pour rejoindre l’école la plus proche. Tant pis pour les autres. Cela dit, l’amendement n’a pas été soumis au vote, il a été retiré. (Sous quelles pressions, mon Dieu ?) Et celui d’André Lardeux est passé haut la main. Enfin, c’est ce que l’on suppose : combien de sénateurs y avait-il dans l’hémicycle lundi soir ?

Le Sénat vient de démanteler une liberté fondamentale des parents, et cela passe quasiment inaperçu. Le texte sur la protection de l’enfance en démolit bien d’autres, érigeant en principe la méfiance envers la famille, autorisant toutes sortes de signalements, d’interventions et de mesures publiques pour traquer les risques de menaces de danger pour les enfants. Dans un contexte de laïcité offensive et de traque de l’hérésie « raciste », « homophobe », etc, on peut craindre désormais la persécution.

Nous reparlerons dans « Génération décervelée », vendredi, du véritable avortement des esprits qu’organise de plus en plus ouvertement l’Education nationale. On en veut non seulement aux corps et aux intelligences de nos enfants, mais à leurs âmes. C’est d’une logique imparable… Lorsque Marie-Ségolène Royal – qui hait l’école vraiment libre et catholique – propose en campagne de rendre obligatoire la scolarisation dès trois ans (dès trois ans !), elle est vraiment dans l’air du temps. Jamais, jamais une élection présidentielle n’aura été aussi cruciale…

 

Jeanne SMITS

http://leblogdejeannesmits.blogspot.com 

 

Présent
5, rue d'Amboise
75002 Paris
www.present.fr    

 

Que faire ?

 

S'informer. Faire connaître l'information autour de soi. Faire suivre ce courriel à ceux de vos contacts qu'il peut intéresser. Alerter une association attachée à la liberté de l'enseignement. Faire pression sur son député. Demander des engagements clairs aux candidats aux présidentielles… 

Car si les écoles familiales sont aujourd'hui à ce point menacées, les écoles hors contrat le seront demain, tandis que les libertés des écoles privées sous contrat voient leurs libertés rongées de plus en plus. Ne pas agir aujourd'hui en faveur de ceux qui ont fait le choix souvent difficile d'une « sortie du système », c'est accepter que demain la mainmise de l'Etat sur l'éducation de nos enfants puisse devenir totale. 

Choisir le mode d'instruction de son enfant est un droit qui naît du devoir des parents, premiers responsables de son éducation. Et c'est un droit aujourd'hui menacé.