Article tiré de la revue Monde et Vie n°728, 4 mars 2004.

Article tiré de la revue Monde et Vie n°728, 4 mars 2004.

Sommaire

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On s’est longtemps gaussé d’une comparaison des prix entre les universités américaines et les universités françaises, mais la vérité est là toute nue : il faut savoir y mettre le prix.

Un étudiant français « coûte » 3.100 euros par an (coût d’inscription 141 euros) un étudiant américain « dépense » 22.000 euros pour s’inscrire à Stanford. La France a doublé en moins de 25 ans le nombre de ses étudiants mais se retrouve, pour la dépense moyenne, en dessous de l’Allemagne, on s’y attendait un peu, de l’Angleterre et… de l’Italie ! Si comparaison n’est pas toujours raison, il est temps de s’alarmer de cette autre modalité de la France qui tombe.

La Grande misère des universités

Ecoutons Michel Kaplan président de Paris I Sorbonne : « nous sommes victimes de notre sens du service public, nous avons mobilisé nos énergies pour accueillir 80 % d’une classe d’âge au bac. » Un manque de moyens incontestables pour le compte, même si chacun sait qu’il ne s’agit pas que de cela. Mais, à l’heure où l’auteur de ces lignes s’apprête à quitter ses fonctions d’élu après avoir siégé douze ans à la commission des lycées et des universités d’Ile-de-France, après y avoir dénoncé sans relâche, l’impasse de l’objectif des 80 %, il y a quelque chose de réjouissant à se l’entendre dire, il reste désormais à prendre en considération les moyens d’en sortir. En dehors de la clochardisation des locaux (à Paris VI Pierre-et-Marie-Curie des clochards campent effectivement dans les sous-sols), la France a négligé son enseignement supérieur par démagogie « jeuniste » en faveur des lycéens et elle est en train de décrocher du peloton de tête des puissances mondiales dans ce domaine. Quel gâchis et quelle incurie de la part d’une classe politique qui ne voit pas la richesse de nos chercheurs et leurs talents lesquels sont encore capables de découvrir, par exemple, une galaxie inconnue par l’effet de loupe cosmique, pour ne prendre que ce qui est dans l’actualité en matière de découverte !

Tout sauf la fac ! Nul n’ignore que c’est là le réflexe des parents. Un réflexe justifié par l’absence de sélection, car l’égalité n’est qu’une chimère, les IUT, les classes préparatoires ont vu leurs effectifs augmenter de 50 % en une décennie. Mais c’est surtout l’échec du DEUG que reflète cette nouvelle crise, laquelle ne fait que refléter celle du lycée et du collège par effet de boule de billard. Un taux d’échec dramatique, toutes disciplines confondues, 45 % des étudiants obtiennent leur DEUG en deux ans 67 % en trois ans, c’est la sélection par l’échec. Un test d’entrée établi par l’université de Marne-la-Vallée créée en 1989 a révélé que certains étudiants étaient totalement incapables de suivre des études supérieures. La maîtrise du seul français n’étant pas assurée. Le péché originel c’est la loi Savary de 1984 qui a institué un système ingouvernable eu égard à la domination des syndicats et aux règles de comptabilité publique paralysantes. Mais, depuis, qu’a fait la droite au pouvoir pour abolir cette loi ?

Impossible réforme ?

« En politique, il faut être courageux mais pas idiot » déclare Ferry, traduisez je ne ferai pas comme en Grande-Bretagne, laquelle vient d’augmenter les droits d’inscription, dix fois moins élevés en France. Raffarin n’a-t-il pas récemment renoncé à une réforme bien timide consistant à changer le statut des universités ? N’oublions pas que c’est pour lutter contre les résistances universitaires que Bonaparte créa les grandes écoles, il triompha très au-delà de son règne comme on le voit aujourd’hui. la France attend toujours la réforme elle passe, aussi, par la mise au pas de l’UNEF gauchiste, qui a toujours su mobiliser contre toute réforme (au nom du progrès sans doute) qu’attendez vous MM. Ferry et Raffarin ?

Cet article est tiré dela revue Monde et Vie, n°728, du 4 mars 2004.

L’Institut Civitas remercie Monde et Vie pour son aimable autorisation. Vous pouvez vous procurer les numéros des Monde et Vie à l’adresse suivante :

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14, rue Edmond Valentin

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Olivier Pichon